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304 DE l'ORIGINE DES ARMOIRIES

Damette Goyon, fille de Robert, porte un lion, sur un sceau de 1219, tandis que Ruellend, son frère, porte fascé de huit pièces et un lambel en chef sur un sceau de 1218, et qu'Alain Goyon, leur arrière petit neveu, scelle un acte de 1289 des armes de Matignon, savoir : deux fasces nouées, accompagnées de neuf merlettes, Le lion de Goyon ne reparaît plus qu'au XVe siècle, et encore est-il écartelé de Matignon, et le lion seul ne se retrouve pas avant 1486.

La maison de Chateaubriant, qui porte soit des plumes de paon, soit des pommes de pin en 1199 les change en fleurs de lys, par concession de saint Louis, depuis la croisade de 1248.

La maison du Guesclin portait au XIIIe siècle : palé de six pièces, a trois fasces fuselées d'hermines, brochantes, qui rappellent la maison de Dinan, dont les du Guesclin étaient issus en batardise. La branche ainée des du Guesclin porta ensuite une aigle eployée que la branche du connétable brisait d'une cotice.

Guillaume Budes, sieur du Plessis-Budes et d'Uzel, ai'eul du marshal de Gu6- briant porte un pin arraché en 1340 ; Sylvestre, son fils, gonfalonier de l'Eglise romaine, scellait des armes d'Uzel, c'est-a-dire une bande chargte de trois besants. Puis le pin de Guillaume Budes reparalt accosts de deux fleurs de lys par concession du roi Charles V, et est ensuite sommé d'un épervier dans plusieurs branches collaterales de cette même famille.

Nous pourrions multiplier nos preuves à l'infini, mais nous croyons en avoir assez dit pour montrer combien étaient communes les substitutions d'armes, provenant ordinairement d'alliances, de prétentions ou de concessions, et plus rarement de causes arbitraires.

Une autre modification apportée aux armes, était comme on l'a vu, la brisure, c'est-à-dire un pièce ou meuble que les aînés d'une maison obligeaient leurs cadets à ajouter aux armes pleines de l'auteur commun, pour distinguer les divers rameaux sortis d'une même souche.

L'histoire des sceaux se trouve étroitement liée au blason ; aussi devons-nous nous y arrêter. L'usage des sceaux est bien anterieur a celui des armoiries, puisque tous les empereurs romains avaient des sceaux, et qu'a leur imitation, les Mérovingiens, puis les Carlovingiens qui regnèrent sur les Gaules, eurent aussi des sceaux. C'est ce que nous apprennent les Traités de diplomatique de D. Mabillon et de D. de Vaines. Il est donc probable que les premiers rois bretons eurent des sceaux aussi bien que les rois francs. Cependant dans une lettre du Pape Adrien ci Salomon III, ce pape se plaint que Salomon n'avait point scellé les lettres qu'il lui avait adressées. D'où il faut conclure que, si l'usage des sceaux subsistait en Bretagne au IXe siècle, il n'était point général ; on n'y connaît aucun sceau de cette époque. Le plus ancien qui nous ait été conservé est de Quiriac, evêque de Nantes en 1064, oncle d'Alain Fergent ; mais ce sceau avec les bustes de saint Pierre et de saint Paul rangés face a face, n'est que l'imitation des bulles des papes, dès lors en usage.

Le mot bulle formé du latin bulla, ornement rond que les patriciens suspendaient au cou de leurs enfants, ne s'entendait d'abord et avec raison que du sceau attaché à des lettres ; cependant certaines épîtres pontificales ont tiré et conservé leur dénomination de la bulle de plomb qui y est pendante. Le sceau [sigillum, annulus,