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PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION

publiée en 1862.



L’accueil bienveillant qu’a reçu la première édition du Nobiliaire de Bretagne nous a engagé à reprendre notre travail, et pour rendre cette nouvelle édition moins imparfaite, nous avons adressé un appel aux intéressés. Cet appel a été entendu ; une vaste correspondance en a été la conséquence et un échange de deux mille lettres environ, prouve que nous n’avons épargné ni veilles ni soins, pour mettre en lumière tout ce qui est à l’honneur de la noblesse bretonne. Mais nous avons à signaler les modifications apportées à notre œuvre primitive et à expliquer l’extension donnée au titre de cette nouvelle édition qui, au lieu de 4,000 familles, en renferme environ 8,000.

En général, les auteurs héraldiques se divisent en deux classes bien distinctes : les austères et les complaisants. Les seconds, et ce sont de beaucoup les plus nombreux, se livrent à une spéculation que la vanité de certaines familles fait quelque fois réussir. Sous la baguette vénale de ces prestidigitateurs, des races, éteintes depuis des siècles, se trouvent merveilleusement ressuscitées, surtout lorsque l’homonymie prête au change. Les généalogistes austères, infiniment plus rares pèchent de leur côté par un autre défaut. Jaloux de l’illustration de la noblesse dont ils se sont constitués les gardiens, ils n’admettent dans leur livre d’or que les descendants bien authentiques de la chevalerie des croisades, rejetant dans la bourgeoisie de nombreuses familles qui ont la prétention, souvent fondée, d’en être sorties, et condamnent irrévocablement toutes celles qui n’ont pas établi leurs preuves à la Réformation de 1668-1671. Un procédé si exclusif ne tend à rien moins qu’à embaumer la noblesse, au lieu de la conserver, et à faire d’un nobiliaire un musée de momies. En effet, comme nous l’avons remarqué ailleurs, « combien reste-t-il de familles pouvant remonter authentiquement jusqu’à l’établissement des noms héréditaires au XIe et principalement au XIIe siècle ? — Des calculs basés sur des vérifications plusieurs fois renouvelées dans les chartes de notre histoire, font connaître que les familles qui y sont mentionnées, ont disparu à raison de deux cinquièmes par siècle. Aussi les familles patriciennes, décimées par les guerres et les révolu-