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dage à sa base. Un seul trait en effet est emprunté à la Vie originale de saint Maurille et l’héroïne même n’y est pas nommée ; or c’est dans la villa Pociacencis, c’est-à-dire à Pocé, que la scène se passe, — et non pas à la Possonnière, dont on a fait par ce contre-sens philologique le centre du culte du nouveau saint. — Cette erreur, qu’il suffit de constater, détruit toute idée d’une tradition antique. — Il n’est pas davantage constant que l’église de Sorrente ait été gouvernée par un René, fugitif des Gaules ; et les Sorrentins ont toujours soutenu posséder les reliques de leur archevêque. Il est néanmoins établi que des reliques existaient au XIe s. dans l’église St-Maurille d’Angers, auxquelles le clergé d’Anjou, au moins depuis Ulger, attribua le nom de St René, sans doute en conférant à ce trésor inconnu le bénéfice de quelques souvenirs populaires. La translation en fut faite dans ce temps même en l’église cathédrale et des reconnaissances successives en eurent lieu en 1012, en 1082, en 1151, en 12S5. La châsse d’argent doré fut brisée par les hugnenots dans la nuit du 11 au 12 avril 1562 et les ossements brûlés sur le placitre St-Maurice. Ce qu’on eu prétendit avoir recueilli, déposé dans un nouveau et modeste reliquaire, a disparu à la Révolution. — La fête du saint se célèbre en Anjou le 12 novembre ; — à Sorrente le 5 octobre. — Sa légende, en vers français, était peinte dans la cathédrale tout autour de l’autel qui lui était consacré ; Bruneau de Tartifume l’a reproduite tout entière et Lehoreau la décrit encore d’après les restes qu’on en voyait en 1717. — L’image du saint figure dans les vitraux du Boumois.

Dissertatio duplex, una de auctore vitœ Sti Maurilii, altera Renati historiam altingens, auctore J. Delaunoy (Paris, 1650, in-8°). — Apologia Capit. Eccles. Andeg. pro S. Renato (Angers, P. Avril, 1650, in 8°). — Baillet, Vie des Saints, t. III. p. XIII et 168-169. — Rangeard, Vie des Saints Evéques, dans la Rev. d’Anj., 1854, t. I, p. 10, et Mss. 16, S. M. — Hauréau, Gallia Christ. — Lehoreau, Mss., t. II, p. 222. — Alman. d’Anjou, 1740. -D. Houss., XVI, f. 20 et 146. — Bruneau de Tartif., Mss. 871, Angers, fol. 85 v°-100 v° 271-273. — Ménard, Peplus, Mss. 875, t. I, p. 32. — Arch. de M.-et-L. Reg. Capitul. de Saint-Maurille, G 1102, f. 105-106. — Répert. archéol., 1868, p. 170. - D. Chamard, Vie des Saints, t. I, p. 180-191 et 428-438. — Godard-F., l’Anjou et ses Mon., t. II, p. 117-122. — Grandet, Mss. 886. — Bolland, Acta SS., t. III, octobre, p. 380-395. — L’abbé Pletteau, Sur les origines du Christianisme en Anjou, p. 37.

René d’Anjou, second fils de Louis II d’Anjou et d’Yolande d’Aragon, est né au château d’Angers, dans le manoir qui avoisinait la chapelle, le 16 janvier 1409 n. s., — comme l’attestent les Mémoriaux de la Chambre des Comptes d’Anjou. Les bourgeois et les habitants votèrent un don de 400 livres à la jeune mère, mais la misère était si grande qu’ils en purent à peine payer la moitié. L’enfant fut allaité, comme sa sœur aînée Marie, par Tiphaine Maugin ou la Maugine, à qui plus tard il devait ériger, « par grand amour de nourriture », un tombeau dont l’inscription subsiste encore au troisième pilier de la nef de Nantilly de Saumur. Dès l’âge de 4 ou 5 ans, il eut pour compagnon de jeux le futur roi Charles, son beau-frère, élevé à Angers, auprès de sa fiancée. A peine atteignait-il l’âge de 10 ans qu’un contrat du 20 mars 1419 le fiançait à son tour avec

Isabelle de Lorraine, fille aînée et héritière du duc régnant, Charles II. René, à qui la mort de son père venait de laisser le comté de Guise, Chailly et Longjumeai (29 avril 1417), recueillait dans cette alliance, outre les droits d’Isabelle, ceux du cardinal Louis, duc de Bar, qui, par acte du 13 août 1419, assura au jeune prince, son petit-neveu maternel, l’héritage du duché de Bar et du marquisat de Pont-à-Mousson Un second acte même du 31 octobre remit en ses mains ce dernier fief par avancement d’hoirie. Dans l’année même, dès le 13 juin, René avait quitté l’Anjou ; mais la bénédiction nuptiale ne fut donnée que le 24 octobre 1420 dans l’église de Nancy aux deux enfants, l’un âgé de moins de 12 ans, l’autre de 10 à peine. Le 28 juin, le cardinal concéda au nouvel époux le titre, qu’il s’était jusqu’alors réservé, de duc de Bar, en l’associant à l’administration du duché. René s’habitua dès lors à la brillante cour de Nancy, assisté toujours de son précepteur, le chevalier Jean de Proissy, qu’on voit à quelques années de là chargé de la défense de la ville de Guise contre les troupes anglaises et réduit à capitulation (18 septembre 1424). — Mais ce fut bientôt la succession même de Lorraine, avant qu’elle fût ouverte, qu’il s’agit de maintenir contre les prétentions du comte Antoine de Vaudemont, neveu de Charles II. Il contestait le testament du prince, quoique celui-ci eût pris soin de le renouveler formellement (13 janvier 1425) dans un acte solennellement approuvé par une assemblée de la noblesse (13 décembre 1425) comme conforme à la coutume antique.

Pendant que le jeune prince faisait ses premières armes contre de petits vassaux, la duchesse lui donnait son premier né, Jean (2 août 1426). Malgré les sentiments que ses panégyristes de notre temps aiment à lui supposer, on le voit en 1429, à l’heure où la fortune de la France tremble incertaine, autoriser son oncle le cardinal à prêter en son nom foi et hommage entre les mains de Bedfort (5 mai) pour le duché de Bar et recevoir du roi anglais Henri VI une pension de 2,000 fr. ; — puis, quand le succès est venu au roi de France, il rejoint Charles VII à Reims (16 juillet) et assiste au Sacre et deux semaines plus tard répudie l’hommage prêté à l’ennemi. C’est alors qu’il devient un des plus ardents chevaliers de Jeanne d’Arc, — qu’il avait eu l’occasion de voir dès les premiers jours à la cour de Lorraine, — et le compagnon de Barbazan, avec qui il conquiert la Champagne et bat le maréchal de Toulongeon à Chappe (mai 1430).

La mort de son oncle (23 juin) le rappela vers ce temps dans son duché et bientôt celle de son beau-père (25 janvier 1431 n. s.) le mit en possession complète de sa fortune. L’enthousiasme populaire faisait fête au nouveau règne bientôt troublé. Le prétendant, de Vaudemont, avait pour appui le duc de Bourgogne ; René invoqua le secours du roi de France. Le 2 juillet 1431 l’artillerie bourguignonne décidait la victoire à Bulgnéville. René, atteint de trois blessures dont deux au visage, fut fait prisonnier, et Barbazan gisait parmi les morts avec la fleur de la