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de l’évacuation militaire. Le Département dut pour sa part payer 1 800 000 fr. de contributions, sans compter les déboursés des villes et des campagnes.

Le 22 août des élections royalistes renouvellent le Corps législatif en y envoyant les députés Benoist, d’Andigné, de Maquillé, la Bourdonnaie, Papiau-Verrie, E. FeuillantLa Restauration.. — Mais l’opinion libérale réagit vite et s’organise. L’association secrète des Chevaliers de la Liberté qui devance en France la propagande du carbonarisme, est fondée à Saumur le 10 octobre 1820 par Gauchais, Grandmesnil, Caffé, Fardeau, Paul Desvarannes. Le coup de main du général Berton y échoue (24 février 1822) ; mais toute la bourgeoisie dans les villes et dans les bourgs, depuis Tours jusqu’à Nantes, avait le mot d’ordre et chaque homme son fusil prêt, pour marcher au premier signal vainement attendu. Un centre de résistance se formait d’ailleurs en plein cœur des Mauges. La duchesse d’Angoulême, qui passe à Mortagne le 18 septembre 1823, refuse de visiter Cholet, signalé comme un foyer révolutionnaire, et, revenant de Nantes à Angers par la rive droite, s’arrête à peine quelques heures, le 22, à St-Florent, où sont réunis 2 ou 3 000 fidèles. La Vendée pourtant multiplie les fêtes en l’honneur de ses héros et inaugure l’un après l’autre les monuments de Stofflet (30 juin 1825), de Bonchamps (12 juillet) et de Cathelineau (août 1827). Mieux conseillée ou plus heureuse, la duchesse de Berry visite en pèlerine partout acclamée tous les souvenirs de la grande guerre (juin 1828).

Sous cet enthousiasme officiel, qui remue à peine quelques cantons isolés, circule et fermente au cœur de la bourgeoisie riche et active, dans la haute industrie, dans la magistrature une ardeur hostile, qui s’est fait jour aux comices des 17 et 24 novembre 1827 par l’élection de trois députés libéraux, Guilhem, d’Andigné, Delessert, et bientôt éclate en effervescence populaire pour acclamer le retour des 221[1], — pendant que de sombres terreurs courent les campagnes affolées par les exploits de bandes gagées d’incendiaires[2]Révolution de 1830.. À la veille même de la Révolution aussi prochaine qu’inattendue, toute une élite est debout, qui l’heure venue paie d’exemple, à Angers, aux Rosiers, à Saumur, à Segré, à Baugé, dans tous les principaux bourgs, aussitôt pavoisés. Les noms chers à l’Anjou de 1790, les Joubert, Farran, Berger, la Révellière, Duboys, Jubin, Merlet, Moreau, Boullet, Coullion, Leterme-Saulnier, Delaage, réapparaissent en pleine lumière, associés aux noms de jeunes hommes, les Tessié, Chevré, Guibert, Chollet, Desvarannes, Giraud, Marcombe, Grille, Mordret, Freslon, Bordillon, Bodin, tant d’autres ! qui vont prendre rang dans l’administration ou la politique militante et bientôt après suivre chacun son chemin.

Le 27 avril 1831 la garde nationale de Cholet est assaillie presque au sortir de la ville, près l’étang des Noues, par quelques coups de feu dont un blesse à mort le jeune Gélusseau. C’est le premier exploit de groupes errants de paysans réfractaires que l’annonce du recrutement multiplie et que le parti vaincu va enrôlerChouannerie.. Un régiment vient prendre garnison dans le pays et fatiguer les campagnes de visites domiciliaires. Quelques vaines escarmouches, le 20 juin à la Renou, le 18 août à la Chabossière, le 29 septembre à la Billardière, le 4 novembre à la Fuye près Maulévrier, aboutissent à peine à l’arrestation de chefs obscurs, auxquels se trouve associé

  1. V. t. 1, p. 27.
  2. V. le procès dans le Maine-et-Loire de janvier 1831.