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miers coups de feu mettent en pleine déroute la petite troupe de Leygonier, minée par la peur et par la trahison. Doué, Montreuil-Bellay sont livrés le 8 sans défense ; Saumur, où commande le général Menou, tombe le 9, après quelques heures de combat, au pouvoir des Vendéens, qui le 23 occupent Angers, évacué depuis huit jours, mais vont échouer leur fortune sous les murs de Nantes, où périt Cathelineau (29 juin). — La veille même de l’insurrection, le décret de la Convention du 9 mars avait ordonné l’envoi de 82 commissaires dans les Départements et attribué la Sarthe et le Maine-et-Loire aux représentants Richard et Choudieu, qui s’étaient installés le 19 à Angers, organisant en plein désarroi la résistance et de toutes parts débordés[1]. Pour aviser en commun, tous les commissaires des Départements limitrophes constituent à Saumur un Comité central sous la présidence de Richard, qui ne parvint pas même à défendre la ville. Les projets s’agitent, se heurtent, s’entravent, et les généraux, en proie aux dénonciations des bataillons de Paris, des journaux, des clubs, des représentants, s’épuisent l’un après l’autre dans une offensive impuissante. Les Vendéens, battus le 15 juillet à Martigné-Briand, culbutent les Bleus à Vihiers le 18 et vainqueurs encore le 26 à la Roche-de-Mûrs, entrent aux Ponts-de-Cé, poussant une pointe jusqu’à demi-lieue d’Angers ; mais la garde nationale, conduite par Philipeaux et Talot, les arrête et dès le surlendemain les débusque et rejette au delà du Layon. — La Convention veut en finir. Un décret du 1er août ordonne, sur le rapport de Barrère, la transportation en poste sur la Loire de l’armée de Mayence, l’organisation de corps de tirailleurs et de pionniers, l’envoi de matières combustibles pour incendier les bois, les taillis, les genêts, la destruction des forêts et des repaires, l’enlèvement des récoltes, des bestiaux, le transfert, « avec tous les égards dus à l’humanité, » des femmes, des enfants, des vieillards dans l’intérieur de la République. Le 2 septembre, un plan général d’attaque, proposé par Canclaux, est arrêté, après d’orageux débats, dans un conseil de guerre solennel tenu à Saumur par 11 représentants et 9 officiers généraux. Le 12, dans les Districts d’Angers, de Saumur, de Baugé, de Châteaugontier, de la Flèche, de Sablé, de Bourgueil et de Chinon, le tocsin sonne pour une levée en masse de tous les citoyens, de 16 à 60 ans, armés de fusils, de piques, de faulx. Elle s’évanouit, affolée de terreur panique, en deux chocs, le 18 à Coron, le 19 au Pont-Barré, pendant que le 19 encore à Torfou les Vendéens refoulent Pavant-garde des Mayençais. Mais le commandement, réorganisé sous l’inepte Léchelle, revient de fait aux mains de Kléber, et les armées républicaines de Niort et de Saumur, de la Rochelle et de Nantes convergent en combattant vers CholetBataille de Cholet., où le 17 octobrc toute la Vendée angevine, — Stofflet, Bonchamps, d’Elbée, avec la Rochejacquelein et Lescure, — trouve devant elle Haxo, Beaupuy, Marceau, Kléber. Le désastre est complet. Le passage de la Loire, le 18 à Saint-Florent, le 19 à Ancenis, ouvre une carrière, dès lors sans espoir, au reste des combattants, qui, arrêtés sur la route d’Angers, se retournent par Candé et Segré sur Châteaugontier et Laval, errent vers Granville et Dol, pour revenir se heurter aux héroïques murailles d’Angers et par Bauné, Baugé, la Flèche, le Mans, se faire exterminer à Savenay.

Toute la rive gauche de la Loire entre la Sèvre et la Divatte s’est du même coup

  1. V. Les Repréaentants du peuple en mission dans le département de M.-et-L. (1793-1794) par E. Poitou, dans la Rev. d’Anj., 1852, p. 225 et 289.