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chef-lieu à Angers et fut sanctionné par un décret du 22 juin. Le Conseil général du Département tint sa première séance le 28 juin, et après avoir rédigé deux adresses à l’Assemblée nationale et au Roi, procéda à la répartition des services en six bureaux pour la Correspondance générale, le Bien public, les Impositions, la Comptabilité, les Ponts-et-Chaussées et les Archives, — reçut le 2 juillet la remise des titres et le compte de gestion des travaux de la Commission Intermédiaire, présenté par M. Bodi, désigna le 13 huit de ses membres pour la constitution du Directoire du Département, — et termina sa session le 14 avec les premières fêtes de la fédération[1].

L’organisation générale se poursuit par l’élection, le 26 octobre, des tribunaux de District ; — et dès les premiers jours de décembre s’ouvre dans tous les ressorts la vente nationale des domaines du Clergé, recherchés avec empressement par les Biens nationaux. gentilshommes, les bourgeois, les marchands, les habitants surtout de ces campagnes que la suppression des biens de main-morte va transformer. Mais à cette mesure, sollicitée, applaudie par l’opinion, acceptée d’un bon cœur par la plupart des intéressés, la constitution civile et le serment exigé des prêtres fonctionnaires publics par le décret du 27 novembre et réclamé à Angers dès les premiers jours de janvier 1791, ajoutent une amertume et soulèvent bientôt des luttes où toutes les passions s’enveniment. La misère a grandi, la disette menace, l’argent disparaît devant les assignatsSerment constitutionnel diffamés, la discorde s’installe au cœur des paroisses et souvent des familles les plus patriotiques, émues et troublées par le départ de nombre de prêtres, amis jusqu’alors, comme l’évêque de Lorry, des lois nouvelles, qui résignent simplement leur charge d’âmes et se retirent, ou par les menées hostiles des réfractaires qui appellent le combat et font tête aux intrus. La majorité, quoiqu’on en prétende[2], accepte d’abord la situation nouvelle, mais le personnel manque pour suffire aux remplacements, les nouveaux élus hésitent et particulièrement dans les Mauges vont se trouver en butte à une explosion d’outrages et bientôt de violences, qui interdit les plus résolus et fatigue les plus braves.

Dès janvier même des mouvements séditieux avaient éclaté à Maulévrier et à Premiers troubles Tilliers. Deux commissaires du Département, Villier et Boullet, assistés pendant quelques jours de Pierre Ollivier et de Pierre-Marie Delaunay, parcourent du 15 mai au 7 juin les districts de Cholet, de Vihiers et de St-Florent pour l’installation des nouveaux curés et le rétablissement des municipalités, dont les deux tiers avaient démissionné. — Déjà l’on annonçait une « explosion prochaine et menaçante dans toutes les campagnes », en signalant surtout Montfaucon, Tilliers, Gesté, St-Germain comme des foyers d’insurrection attisés par les réfractaires. Le concours des gardes nationales de Cholet et d’Angers, avec deux canons, à Chemillé, à Jallais, à Cholet, surtout l’envoi aux points menacés de détachements de 25 à 30 maîtres-cavaliers calment pour un temps le pays et provoquent même des protestations fraternelles. Les troupes à peine parties, des rumeurs sourdes courent de nouveau le pays ; l’annonce de miracles affole les têtes ; des processions nocturnes assemblent les pèlerins par milliers à la Vierge de Bellefontaine, au chêne de St-Laurent-de-la-

  1. Procès-verbal des séances du Conseil du Département de Maine-et-Loire, commencé te 28 juin 1790. — 1re session. — La Loi et le Roi (Angers, Maine, 1791, in-4o de 95 p.).
  2. Vingt-trois curés refusent le serment sur les cinquante et une paroisses du District d’Angers.