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vents se construisent ; les églises se transforment mais tout d’une mode, à la RomaineLes arts., en baine et mépris de l’art ancien, dont les œuvres disparaissent ou mutilées ou vendues à toutes mains, autels, tombeaux, vitraux, reliquaires. De ce grand art qui, seul ou associé au premier essor de l’art du moyen âge, a élevé les cloîtres de Saint-Aubin, la nef de Saint-Maurice, la voûte de Fontevraud, les clochers de Cuon, de Cunaud, de Chemillé, de Brion, de Blou et de Pontigné, cent autres œuvres pendant trois siècles, et créé pour l’Anjou ce type de grâce et d’habileté que consacre le nom des Plantagenets, tout ou ce que peut atteindre le procédé nouveau des démolisseurs ou des plâtriers tombe et disparaît, pour laisser remplacer les édifices de conception hardie ou puissante par de lourds rectangles, les élégances si vives et si originales de la décoration par des mièvreries mesquines ou des murs plats. L’école de notre Jean de l’Espine, qui des premières en France avait inauguré ici les coquetteries de la Renaissance italienne[1], s’est éteinte avec les maîtres-d’œuvre des façades de Brissac et de l’escalier de Serrant, sans autre héritier plus proche que Biardeau et ses piètres élèves ; les Lagouz continuent encore les Vandellant, avec les de Brie, les Rodolphe, les Besnard ; mais leur talent devient bientôt inutile et importun aux édifices religieux, avides surtout d’issues commodes et de larges clartés. Tout s’amortit, s’éteint, s’affadit, esprits et caractères. Un mouvement de courtisanerie banale, une activité sourde et monotone remplacent peu à peu l’animation des libertés antiques, dont un vain leurre se rachète, selon les besoins du fisc, à beaux deniers. De mesquines visées d’utilité publique réglementent la littérature et la charité, pendant que les entreprises du négoce et de l’industrie se multiplient mais sans cette énergie d’initiative et de constance qui seule sait les féconder.

L’industrie et le commerce.Le XVIIe siècle avait vu tout d’un coup croître et se développer, aux deux extrémités de la province, le tissage de Cholet[2], devenu le grand centre de fabrication de toute une vaste région délaissée, et les usines de Pouancé[3], seules héritières de tant de petites forges à bras installées tout aux alentours pendant des siècles sur des puits de mine plus ou moins approfondis[4]. Le XVIIIe siècle organise à proprement dire l’exploitation des ardoisières[5] dont toute la banlieue d’Angers s’enveloppe, — et la mise en valeur des houilles de Montjean[6] et de St-Georges-Châtelaison[7], que dessert le Layon, transformé en 1774 par la construction du Canal de Monsieur[8]. — Ces derniers travaux, d’un rare exemple, devaient surtout servir la renommée et l’expansion d’autres richesses. Dès les plus anciens âges, l’Anjou « est fondé en vinoble, qui est la plus grant part de la revenue du païs[9]. » Tous les coteaux se couvraient de pampres jusqu’aux rives, aujourd’hui nues ou boisées, de l’Oudon, — et sauf peut-être, au moins dès le XVIIe siècle, les alentours de Candé, Bécon, Craon, Pouancé et les confins de la Bretagne. Mais c’est surtout le long de la Loire et de ses

  1. V. t. II, p. 120.
  2. V. l’historique, t. I. p. 700.
  3. Tome III, p. 169 et 626.
  4. Tome III, p. 509.
  5. V. t. III, p. 615 et 617
  6. Tome II, p. 712.
  7. Tome III, p. 370.
  8. Tome II, p. 469.
  9. Mss. 894, f. 68.