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L’Université.Vers le même temps l’Université d’Angers, érigée en titre par les ordonnances de Jean le Bon et de Charles V (1364-1374), transformée en 1398 par la création d’un recteur élu et en 1432 par l’agrégation à son unique faculté de Droit des trois facultés de Théologie, de Médecine et des Arts, achevait de s’organiser, sous l’autorité du président de Hacqueville, par une dernière réforme de son administration et de ses statuts (1498-1513)[1].

L’apanage rétabli.François Ier, fils respectueux et docile de Louise d’Angoulême, reconstitua en 1515, au profit de sa mère, un apanage dont fit partie le duché d’Anjou. Il lui vint rendre honneur en grand cortège au château d’Angers, en 1518, mais le duché n’eut guère à se louer de sa visite, dont la peste interrompit les réjouissances. Presque au lendemain la province fut soumise d’autorité et malgré les plus vives protestations au régime arbitraire de la Gabelle, qui ne parvint à s’établir qu’à force de garnisaires, et l’année suivante la fiscalité royale imposait encore à chaque paroisse l’équipement et l’entretien d’un de ces francs archers, qui après avoir paradé oisifs pendant plus d’un an, pillé, volé le pays, tenté même de saccager Angers, furent en partie décimés et définitivement cassés, sous la risée des quolibets[2] populaires. Des bandes armées courent les campagnes, qu’épuisent les exactions des traitants et des collecteurs ; toutes les misères, avec la famine et le fléau des faux-monnayeurs et des incendiaires, semblent avoir fait leur proie du pays, que la mort de Louise de Savoie rend aux mains de son royal fils (1531).

Guerres civilesLe Présidial, installé le 20 juin 1552, allait presque à ses débuts s’acharner contre d’autres crimes. Cette année même, à Saumur, René Poyet, et bientôt en 1554, à Angers, Denis Soreau sont bouillis vifs aux Halles, premiers martyrs de la foi protestante. Dès 1555 l’Église réformée est constituée en Anjou, — et depuis plus de trente ans déjà circulaient de mains en mains les livres proscrits, recherchés « avec grande avidité » par le clergé, la noblesse et la bourgeoisie. La Journée dés mouchoirs[3] (14 octobre 1560) inaugure bientôt une série lamentable de bouleversements sanglants[4]. Le 5 avril 1562 les huguenots s’emparent d’Angers, mais le château tient bon et donne entrée sur la scène à Puygaillard, suivi du duc de Montpensier ; vis-à-vis d’eux fait tête sur son rocher de Dieusie le vaillant St-Aignan, que la croix du supplice attend au Pilori. La terreur règne, desservie par un comité « de gens de bien, échevins, avocats et marchands », qui trient « les suspects » et les envoient à la pendaison ou à l’exil. « La pacification d’Amboise » (12 mars 1563) calme un instant l’irritation sous la main loyale du maréchal de Vieilleville, que vient visiter

  1. Pour son histoire, ajouter aux sources citées, t. I, p. 76-78, deux publications récentes : Facultés, collèges et professeurs de l’Université d’Angers du XVe s., à la Révolution française, par L. de Lens, inspecteur honoraire d’Académie, en cours d’impression dans la Revue d’Anjou, dont le premier fascicule en vente porte en sons-titre : Livre premier : L’Université en général (1877, in-8o de 144 p.) ; — et Statuts des Quatre Facultés de l’Université d’Angers, 1878, in-8o de vi-75 p., avec 4 sceaux gravés.
  2. V. Le Franc Archier de Cherré dans le Recueil de Poésies publié par MM. de Montaiglon et de Rotschild.
  3. V. t. I. p. 39.
  4. Pour les détails, V. aux biographies de ce livre, — et la belle thèse de M. Mourin, La Réforme et la Ligue en Anjou, Paris— Angers, 1856, in-8o de 321 p.