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se transmet, en suivant la loi fondamentale de la succession féodale, dans des mains de toute vaillance et de toute âpreté[1].

Les comtes d’Anjou tiennent leur pouvoir des chefs militaires du duché de France et se reconnaissent d’eux à tout devoir. Quand leur suzerain Eudes ceint la couronne (888), une monnaie d’argent, frappée à Angers, semble en célébrer la gloire avec sa légende, encore unique : † Odo est rex[2]. Même à près d’un siècle de là, l’héritier du second Foulques rend grâces avant tout « à Dieu et à la largesse de son seigneur Hugues[3]  », formule d’humilité que le succès réduira bientôt à la simple grâce de Dieu, quand le vassal croira pouvoir imiter le roi en frappant monnaie, comme lui[4].

Formation du Comté.Néanmoins à chaque conquête de guerre ou d’héritage le comte demande, sans y faillir, et reçoit l’investiture de son souverain. Il reconnaît aussi volontiers dans ces premiers temps pour maître, herus, un autre seigneur, un voisin redoutable, le puissant duc d’Aquitaine, de qui il a accepté en bénéfice le Loudunois, l’Aunis[5] et partie de la Saintonge. Mais les forces venues, le tenancier se dégage de l’hommage en s’appropriant les fiefs, que lui assure pendant trente ans la défaite de son

  1. Foulques le Roux 886-941. — Foulques le Bon 842-960. — Geoffroy Grisegonelle 960-987. — Foulques Nerra 987-1040. — Geoffroy Martel 1040-1060. — Geoffroy le Barbu 1060-1067. Foulques Rechin 1067-1109. — Foulques le Jeune 1109-1129. — Geoffroy le Bel ou Plantagenet 1129-1151. — Henri II 1151-1189. — Richard Cœur de Lion 1189-1199. — Arthur 1199-1202. — Jean sans Terre 1202-1203.
  2. V. la Note de M. Hucher, dans la Rev. Numism., 1847, t. II, p. 315.
  3. Gratia Dei et senioris Hugonis largitione Andeg. comes 966. Cartul. St-Aubin.
  4. Un certain nombre de triens en or se rencontrent à l’époque mérovingienne, sans porter aucun nom de roi mais seulement celui du monétaire qui les a frappés : Allegisilus (Didron, Ann. arc., VIII, 1194, Allo (Combrouse, pl. 4, no 4), Aunardus, Bonriadus, Baudulfus, Chudbertus, Cod. vit (Gréau}. Gando (Combrouse, pl. 4, no 6), Gundoaldus, Hadenarus (Lelewel, tit. Ier, 69-70), Ido (Combrouse, pl. 1, no 6 ;, Launardus (Combrouse, pl. 4, no 12) ou Leunardus (Didron, VIII, 194), Leudenus, Leunulfus (Combrouse, pl. 4, no 7), Landoaldus, Lairardus, Leo, Leupenus (Combrouse, pl. 4, no 10), Martinus (Soc. archéol. de Nantes, 1861, t. l), Mellobodus {Rev. d’An. 1857, I. 246), Nunnus (Combrouse, pl. 4, no 7), Suninoaldus (Ponton d’Amécourt et Roger, p. 348), Occoadus (Belouin, d’Angers), Ocopus (Aug. Michel, d’A.), Seudulfus (Combr. 3, pl. 4) ou Senedulfus (Ponton d’Amécourt), Sisbertus (Combr., 5. pl. 4), Theodegisilus (Didron, VIII, 194 et Combr., 2, pl. 4), Valdolenus ; — et celui des localités : Andegavis c., Andecavis, Andecnis civ., Brionno, Blote, Camiliaco, Lorovio, Onacedone. Un type porte : Andecavi eclesie, de l’église cathédrale St-Maurice d’Angers, que donne encore un denier d’argent de la fin du VIIe s. : Ecclesie Andeg., — au nom de R † lodoastus mon. (B. Fillon) ; — un triens, plus récent de deux siècles (930-1025) : † Beati Florentii, et au revers : Castrum Salmuru, de l’abbaye St-Florent du château de Saumur. — Il ne semble pas que la monnaie carolingienne d’Angers soit antérieure à Charles le Chauve ni peut-être à l’édit de Pitres (865), dont elle reproduit à peu près les prescriptions. Le monogramme d’Eudes se substitua au monogramme carolin jusqu’au règne de Charles le Simple, et reparaît déformé au milieu du Xe siècle avec les anciennes légendes royales. C’est le nouveau type, d’ailleurs passager, qu’on peut attribuer à Foulques le Roux ou à son fils Foulques le Bon. Foulques Nerra adopte un monogramme qui, en rappelant celui de Charles le Simple, ne contenait cependant que les lettres de son nom Fulco et qui, employé par tous ses successeurs, s’altère peu à peu et se transforme à la fin du règne de Charles Ier d’Anjou en une clef. Geoffroy Martel est le premier comte (1040-1060), qui inscrit son propre nom sur la légende en place de la formule antiquo : Gratia Dei comes. — Le roi Philippe racheta en 1319 au comte Charles, son oncle, le privilège de battre monnaie, en maintenant à Angers un atelier monétaire. M. de Saulcy a publié les nombreux documents, qui le concernent, de 1331 à 1547, dans ses Eléments de l’histoire des ateliers monétaires (Paris, 1876, in-4o de IV-166 p.). Sa marque spéciale était un point sous la 7e lettre et une clef jusqu’en 1456, — et depuis 1539, la lettre F. — Numismatique et Note Mss. de M. Anat. de Barthélémy. — Répert. arc. 1858. p. 73-75 ; 1861, p. 228 ; 1863, p. 417, avec des reproductions des types donnés par Combrouse. — Congrès histoire. d’Angers, I, 369. — Roger. Hist. d’An. p. 247-248. — Pétrinean, Monnaies d’Anjou, Mss. 962. — Lecoy de la Marche, Le Roi René I, 465. — Mém. de la Soc. d’Agr. Sc. et Arts d’Angers I, 88 ; 2e série, I, 5.
  5. D. Bouquet, X, 149. — Faye, dans la Rev, d’Anj., 1853, p. 500-509.