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s’arrête au Layon[1] qu’elle remonte jusqu’à l’Hirôme, franchit les deux rivières, enveloppe la Chapelle-Rousselin, Chemillé, Mêlay, la Salle, Gonnord, évite Faveraie, Montilliers, passe entre Tigné et la Fosse, entre Chàtelaison et Concourson, entre Doué et la Chapelle[2], entre la Madeleine et St-Hilaire-de-Rillé, descend la rive gauche du Thouet, qu’elle franchit un peu au-dessus du confluent de la Dive[3], longe un instant la rive droite entre Saumoussay et St-Cyr, et de nouveau, passant entre Chacé et St-Cyr, se dirige vers la Vienne qu’elle rejoint un peu au-dessus de Candes. Ici l’erreur des autorités les plus récentes, Mabille[4], D. Chamard[5], est manifeste et jamais le Poitou n’a abordé par ce côté la Loire. D’autre part on peut affirmer, quoi qu’en disent presque tous les livres, que même dans les remaniements les plus variés de la politique, jamais l’Aquitaine non plus n’envahit cette partie de la rive gauche, restée angevine jusqu’aux faubourgs de Doué et presque de Vihiers.

L’Anjou Gallo-Romain.Sur ce territoire, — qui n’embrasse pas encore tout ce qui va s’appeler bientôt l’Anjou mais qui pour la partie bretonne dépasse déjà les limites, où doit se borner ce livre, — les traces sont rares, même dans le sol, qui a su tant conserver, des mœurs nouvelles, des arts, de la civilisation celtique modifiée par l’ascendant des institutions Romaines. Quelques torques ou colliers à bossages striés ou dentelés, des monnaies transformées par l’art grec[6], des débris de poteries grossières, trois ou quatre enceintes de terre et autant d’oppidums ne sont pas pour rendre un témoignage suffisant de cette civilisation disparue. On peut affirmer qu’une vie intense animait dès lors tout le pays ; car de tous les centres encore aujourd’hui existants la moitié pour le moins conserve le radical du nom primitif qui en atteste l’existence antique, sans parler de tant de localités déchues ou mortes, qui n’ont pu laisser d’autre souvenir d’elles. Sur tout le pays rapidement conquis s’est implantée d’âge en âge l’organisation des vainqueurs qui tout d’abord s’ouvrit libre chemin en frayant le pays de voies innombrables. La carte théodosienne signale à peine quelques tracés et les trois ou quatre points, qu’elle relève au passage, sur le territoire, Robrica, Combaristum, Segora, ne sont que des repères espacés sur un itinéraire déterminé, qui n’ignore pas mais qui évite tant d’autres centres Votesautrement importants et d’existence sûrement affirmée. De Tours à Angers seulement quatre grandes routes descendaient presque parallèlement la Loire dont trois à distance sur la rive droite, peuplée sur toutes les éminences et jusqu’au bord des eaux d’habitations évidemment protégées par quelques travaux de défense, comme les traces s’en retrouvent tout du long, à Varennes, à St-Martin, à St-Pierre-du-Lac. Deux autres voies se poursuivaient d’Angers à Nantes reliées par un pont à Chalonnes. Poitiers, le Mans, Rennes, toutes les cités circonvoisines communiquaient par un rayonnement de grands chemins, qui donnait la vie au réseau des voies

  1. C’est la limite naturelle et encore indiquée au IXe s. dans la Chronique de St Brieuc (D. Morice, I, 28). Il est certain pourtant qu’elle était franchie dès le Ve s., tout au moins au VIIe siècle, par l’Anjou, à qui la légende de St Maurille, rédigée par St Maimbeuf, attribue formellement Chalonnes-sur-Loire : In territorio civitatis Andecavœ, loco qui dicitur Calonna super littus ligeris (Boll., sept., IV, 72).
  2. Il faut prendre garde que le Doué des textes antérieurs tout au moins au Xe s. n’est pas le Doué actuel, qui n’a jamais fait partie ni du Poitou ni de l’Aquitaine, mais bien la Chapelle-sous-Doué.
  3. V. l’art. Lézon, t. II, p. 514-515.
  4. Biblioth, de l’Ec. des Chartes, 5e série, t. V, p. 237. Il semble avoir confondu St-Florent-le-Vieil avec St-Florent près Saumur, sur le Thouet.
  5. Origines de l’Église de Poitiers, p. 9.
  6. Trois colliers de ce genre viennent encore d’être trouvés en creusant un puits à Antoigné (mai 1878)