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L’AMOUR GREC

Grecs, n’était pas un goût exclusif, une inversion, une névrose, mais un usage auquel il était élégant de se conformer dans sa jeunesse, avant de prendre femme. Cependant, si la distinction est profonde entre l’anomalie d’un Charlus et l’amitié antique, il me semble que Proust s’avance beaucoup quand ailleurs il affirme que toute l’homosexualité de coutume a disparu et que « seule surnage et se multiplie l’involontaire, la nerveuse, celle qu’on cache aux autres et qu’on travestit à soi-même ». L’auteur de Sodome et Gomorrhe commet là, croyons-nous, une erreur qui, de même que les mots « entretenir une danseuse », montre à quel point ses observations datent déjà. Depuis lui, ou bien l’homosexualité a pris dans les mœurs un développement qu’il n’avait pas prévu, encore que le succès de son œuvre y ait contribué, ou bien, comme je l’ai indiqué, l’on s’est aperçu, dans ces dernières années, que l’homosexualité comporte de nombreuses variétés que Proust lui-même ignorait.

Les Charlus, ce sont les « hommes-femmes », ceux chez qui l’inversion est constitutionnelle et se caractérise non seulement par l’attraction vers le même sexe, mais par la répulsion pour le sexe opposé, c’est le Giton de Pétrone, c’est le correspondant d’Émile Zola qui se regarde au