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L’AMOUR GREC

et d’une race ne suffit pas à couvrir tout ce qui fut l’expression de ce temps et de cette race. Le Colisée, par exemple, quoique d’une beauté moins pure, est aussi un fier monument, et pourtant il a été le théâtre de fêtes sanglantes dont le souvenir fait horreur. Mais, avec le Parthénon, ce n’est rien de moins que Platon qui est ici en cause. Platon a montré, en effet, une indéniable indulgence envers des mœurs que nous blâmerions aujourd’hui[1]. Or, il y a une évidente parenté entre le Parthénon et la pensée platonicienne ; le temple d’Athéna et les Dialogues sont bien deux faces d’un même génie : même équilibre des lignes dans la même lumière transparente.

La seule supériorité que le Parthénon a peut-être sur le philosophe, c’est qu’il nous saisit d’une prise plus directe. Le dialogue de marbre qu’il présente au regard, cette convenance parfaite de la réponse à la question, cet ajustement précis de l’effet obtenu à l’effet cherché, de la solution à la donnée, tout cela, que nous retrou-

  1. Dans les Lois, cependant, il est plus sévère que dans les Dialogues. Mais c’est du point de vue social qu’il condamne alors la pédérastie, plutôt que du point de vue moral. Attitude analogue à celle de l’État moderne envers le malthusianisme.