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L’AMOUR GREC

Rien ne peut donner une idée de l’Attique quand on ne l’a pas vue. C’était un grand esprit déjà qu’Ernest Renan avant qu’il n’eût fait le voyage de Grèce : tout ce que l’intelligence la plus souple et la plus pénétrante peut comprendre d’Athènes à travers les livres, cet homme se l’était assimilé depuis des années. Cependant il vint. Un soir, sur la colline de la Pnyx, face à l’Acropole, il contempla longtemps le Parthénon, de loin. Un autre jour, lentement, un peu essoufflé, il gravit, au coucher du soleil, le grand escalier des Propylées, dépassa la terrasse où s’élève le petit temple de la Victoire aptère, puis, ayant monté quelques marches encore, il atteignit le plateau jonché de débris. À cinquante pas, à main droite, posée de trois quarts sur l’azur profond, se dressait la merveille.

De cette vue, l’intelligence de Renan conçut des rapports qu’elle n’avait point imaginés avec le seul secours des textes. Ému, mais sans trouble, l’âme transportée à des hauteurs sereines, il se mit alors à prier, à sa manière. L’oraison qu’il fit, chacun la sait par cœur aujourd’hui. Il n’en est pas de plus raisonnable, puisque l’élan de l’adoration s’y déploie dans l’énumération des raisons qu’a l’esprit d’adorer.

Certes, le plus haut chef-d’œuvre d’un temps