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L’AMOUR GREC

part davantage que dans un article intitulé Les jeunes gens de Platon[1].

Ce qu’il y a de plus singulier dans cette étude, c’est que l’auteur, non exempt pourtant d’une certaine sensualité réfrénée, laquelle cherchait un exutoire dans les mots, ne se borne pas à une analyse abstraite de la philosophie socratique ou de la doctrine platonicienne. Il prétend peindre, cette fois, autour des idées, l’atmosphère qui les baigne. Ces éphèbes jouant aux osselets dans la cour du gymnase, ou bien groupés à l’ombre du portique et devisant avec Socrate, Taine s’applique à nous faire remarquer quelle grâce est la leur : tantôt vifs, bougeant par brusques détentes, comme des poulains au pâturage, tantôt immobiles, l’un contre l’autre appuyés, guettant attentivement, sur le visage de Silène du vieux maître, à chacune de ses interrogations, ce sourire de malice qui n’est qu’une forme déguisée de la bienveillance, puisqu’il avertit l’auditoire du piège tendu dans la question. Mais où commence, chez Taine, l’artifice scolaire, c’est quand il fait semblant de croire qu’entre ces jeunes garçons il n’y

  1. Publié en 1855 dans la Revue de l’instruction publique (la référence a son intérêt) et réimprimé dans les Essais de critique et d’Histoire.