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LES HOMMES-FEMMES

toujours à ne désirer que des êtres qui ne peuvent les aimer, c’est-à-dire des hommes qui, eux, n’ont de goût que pour les femmes. De là, ces maximes du baron sur la jalousie, lesquelles supposent un profond savoir, dû à « une expérience secrète, raffinée et monstrueuse ».

Reprenez ces trois idées de Proust : secret, raffinement, monstruosité. Scrutez-les. Qu’est-ce là d’autre que trois attributs du péché ? D’abord, le péché, par essence, est toujours honteux, au point que, si la honte le quitte, il peut continuer d’être une faute, mais cesse d’être un péché. Le second caractère du péché, c’est qu’il n’est pas simple ; moins il est simple, plus il abonde dans le sens de sa propre nature Enfin, le péché, par définition, est monstrueux, puisqu’il est une déformation apportée à la règle, un gauchissement de la vérité. Ceci posé, force est de reconnaître, si l’on admet la vue judéo-chrétienne, que de tous les actes pervers celui dans lequel les traits généraux du péché se trouvent réunis et représentés avec le plus de force, c’est, après la bestialité, le péché de sodomie. Donc, il n’en est pas qui porte davantage les stigmates de la faute originelle ; de celle-ci, il est la ramification la plus retorse. En