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LES HOMMES-FEMMES

droites qu’il prend pour des ruses. Il parle des invertis dans le dessein de donner le change, mais de telle manière qu’il apparaît bientôt « assujetti comme un maniaque et irrésistiblement imprudent comme un coupable ».

J’ignore si Marcel Proust a connu la confession du jeune Italien que l’ami de Zola, le docteur lyonnais, a publiée sous un pseudonyme. Elle est sans valeur littéraire, mais très caractéristique, en ceci qu’elle nous révèle ce qu’un inverti de vingt-trois ans, aux environs de 1895, pensait lui-même de son cas et l’attitude circonspecte qu’il se croyait tenu d’observer à l’égard de l’opinion. De plus, le ton grandiloquent du récit, par l’impression de désuétude qu’il nous donne, nous permet de mesurer le chemin parcouru depuis lors, celui-là même que le personnage de Charlus a suivi au cours de sa transformation. Il est évident qu’aujourd’hui un garçon qui ferait le même aveu jugerait ridicule d’user d’un langage aussi pathétique. Mais, si l’on examine le document de plus près, il apparaît vite que cette emphase est un subterfuge auquel on s’étonne que Zola se soit laissé prendre. Maintenant, il est possible que le simulateur, de son côté, soit dupe à demi