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FREUDISME ET LIBERTÉ

se montrer davantage. Dans l’opinion, au refus catégorique de seulement discuter la question succéda peu à peu une intransigeance moins farouche ; l’antique horreur traditionnelle parut bientôt démodée, ce qui, à Paris, équivalait pour elle à une condamnation.

Le glissement accompli, déjà sensible dans une des Lettres à l’Amazone de Rémy de Gourmont, devient apparent en 1910, quand Binet-Valmer donne Lucien. Au premier abord, ici, la franchise semble complète et même brutale. Pourtant, on s’aperçoit vite que le problème est posé d’un tel biais que le centre nous en demeure caché[1].

Un peu plus tard, deux « amis » sont réunis dans la même chambre. C’est dans Jésus la Caille, de Francis Carco, étude de la prostitution masculine. La scène cependant est furtive, l’auteur ayant surtout en vue la peinture à fresque d’un certain milieu[2].

  1. Le héros est un inverti, il l’avoue à son père, mais le conflit familial qui résulte de cet aveu et la dernière tentative risquée vainement par Lucien pour reporter ses désirs sur une jeune fille, c’est là tout le roman.

    La prisonnière, de M. Bourdet est, sur un sujet analogue, un autre exemple de cette vue oblique.

  2. La poésie ne manque pas dans Carco, sous l’éternel ciel d’octobre qui cingle de ses ondées ce Montmartre qu’il connaît bien, mais ces couples de « mômes » qui passent le long