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FREUDISME ET LIBERTÉ

enquêtes, était conduit à annexer au non-conformisme un autre contingent encore, lequel passait, auparavant, inaperçu des médecins : celui de gens bien portants, souvent très vigoureux et mentalement très équilibrés.

Cependant, quoique les premiers travaux de Freud sur l’interprétation des songes soient antérieurs à 1900, ce n’est guère qu’à partir de 1910 que la psychanalyse a pénétré en France ; et jusqu’aux environs de 1920, la renommée naissante de la méthode ne dépassa point le cercle étroit des spécialistes. Il ne semble donc pas qu’il faille attribuer à Freud le mérite d’avoir agi directement sur la pensée d’un Marcel Proust. Je vois plutôt là une rencontre de deux efforts convergents, lesquels avaient entre eux ce trait commun qu’ils tendaient l’un et l’autre à pousser plus avant les sondages psychologiques au moyen d’une tactique nouvelle : la tactique de l’impudeur et de l’indiscrétion.

Concurremment, au début de ce siècle, se poursuivait, dans les mœurs et dans l’esprit public, une double transformation. Dans la vie, l’uranisme commença de répudier la honte qu’il avait toujours eue de lui-même, et peut-être, qui sait ? découvrait-il un plaisir inédit, provocant et anxieux, agressif et traversé de peur, à