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FREUDISME ET LIBERTÉ

Ainsi s’achève la courbe. Aussi longtemps que seuls furent classés comme non-conformistes les sodomites condamnés au feu et, plus tard, les professionnels du « vagabondage spécial », le nombre des invertis parut faible. Mais du jour où la science fixa son attention sur l’anomalie, celle-ci aussitôt sembla pulluler, pour la simple raison qu’on était alors en mesure de l’observer dans de nombreux cas qui seraient demeurés autrefois complètement inconnus. En outre, durant cette période, tous les invertis furent considérés comme des malades, parce que les neurologues ne voient que des psychopathes en effet : leurs clients. Mais on ne tarda pas à découvrir que la clientèle des psychiâtres était loin d’englober la totalité des anormaux ; et c’est en cela que la doctrine freudienne eut sur l’opinion, dans ces dernières années, une influence énorme. En effet, par son caractère de généralité, le freudisme était, ou prétendait être, applicable à toutes les manifestations de l’instinct sexuel, quelles qu’elles fussent. Débordant le domaine des névroses, il étendait ses investigations jusque dans celui de la santé. Or, voici que le psychanalyste, au cours de ses