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FREUDISME ET LIBERTÉ

tel en pleine connaissance de cause et ne présente, de ce fait, aucun trouble nerveux, la formule d’exorcisme est inopérante et le sorcier perd ses droits.

Voilà qui me semble limiter singulièrement les possibilités d’application de cette orthopédie psychique. Car, aux deux classes d’invertis déjà mentionnés, n’en faut-il pas ajouter une troisième, plus nombreuse encore peut-être : ceux qui gardent un souvenir précis de leur acquisition, qui n’en ont ressenti aucun choc nerveux, qui l’acceptent, parfois s’en réjouissent ? L’homosexualité a souvent des causes très conscientes : l’exemple, la suggestion opérée par un aîné ou par un pervers sur un esprit plus faible, bref la contagion morale.

Et c’est ici que reparaît la vieille notion de liberté, mais sous un aspect qui n’est plus celui d’autrefois. S’il est prouvé que la sexualité de l’enfant est fréquemment incertaine et qu’il peut devenir un inverti en cédant à des influences, le déterminisme cesse d’être absolu. On admet implicitement que, dans l’acquisition de l’anomalie, il y a place, physiologiquement, en bien des cas ; pour un consentement plus ou moins libre.