Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
FREUDISME ET LIBERTÉ

la possibilité d’une intervention de la volonté ferait défaut.

Ici, nous nous reportons à ce tableau un peu effrayant de l’enfance tel que le freudisme nous l’a dépeint. La vie sexuelle traversant plusieurs phases successives, depuis la naissance jusqu’à l’époque de la puberté, toutes les tendances seraient alors confondues ; l’opposition entre « masculin » et « féminin » n’existerait pour ainsi dire pas. C’est comme si la bisexualité organique du fœtus se prolongeait dans le psychique infantile, bien que les organes génitaux fussent déjà modelés, sinon formés. Plusieurs auteurs, avant Freud, avaient déjà noté cette espèce de flottement de l’instinct sexuel dans l’enfance. Les passions entre écoliers si souvent observées fourniraient un argument à l’appui de cette thèse[1]. De cet hermaphrodisme, la littérature a maintes fois joué, par allusions plus ou moins claires, dans ses créations d’androgynes[2].

  1. M. Roger Martin du Gard a, dans Les Thibault, remarquablement étudié un cas de ce genre et les conséquences néfastes que peuvent avoir, dans l’occasion, certaines méprises des éducateurs.
  2. Voyez la place considérable que tient le travesti dans le théâtre de Shakespeare. Récemment, Jean-Richard Bloch, dans sa fantaisie dramatique Dix jeunes filles dans un pré, continue la tradition de ces quiproquo. M’est-il permis de rappeler également La Jeune fille aux joues roses ?