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FREUDISME ET LIBERTÉ

origine se perd dans les limbes du premier âge.

De plus, si l’enfant, antérieurement à la puberté, possède une vie sexuelle, celle-ci ne peut-être que de nature « perverse », car est « perverse » toute activité sexuelle qui recherche le plaisir comme une fin en soi, indépendamment de la génération. Fausse est donc la tradition qui représente l’enfant comme innocent, comme pur. En réalité, l’enfant est toute perversion. C’est, dit Freud, un « pervers polymorphe ». Le mot, il faut l’avouer, manque de grâce. Il fait de la nursery l’antre des instincts déchaînés. Le nourrisson devient le type du parfait cynique. Peut-être y a-t-il là quelque outrance. Mais peut-être aussi, nous autres, toujours prêts à crier au sacrilège, sommes-nous dupes de sentiments conventionnels, de niaiseries vénérables.

Comme on a pu le remarquer, il ne s’agit plus seulement ici de cas morbides, de monstruosités. Nous sommes sortis de l’hôpital et de l’asile. Cependant Freud ne nie point que l’homosexualité ne soit une manifestation anormale de la sexualité. Mais jusqu’ici les termes « anormal » et « malade » étaient synonymes lorsqu’on parlait d’un inverti. Le freudisme tend à relever la notion d’anormalité en la purgeant des