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FREUDISME ET LIBERTÉ

aient paru depuis un demi-siècle : « Nos sensations comprimées nourrissent notre sentiment. La chair, une fois domptée, ajoute à notre âme. Mais combien savent cette grande loi de la vie morale aujourd’hui ? » Replacée à sa date (1890), cette réflexion profonde est d’un précurseur.

Donc, la psychanalyse n’est pas sans antécédents. Sa filiation, sur plus d’un point, peut être établie. Freud, autrefois, a travaillé en France ; il a été l’élève de Charcot et de Bernheim. Mais est-il besoin de rappeler que ce qu’on nomme une découverte en psychologie n’est jamais qu’un sens nouveau attribué à tel ou tel fait que chacun de nous a pu constater en soi-même ou chez les autres ? L’analyse du cœur humain n’invente rien à proprement parler. Quand le psychologue tombe juste, la plupart du temps nous disons : « Comme c’est vrai ! » C’est que l’objet de sa remarque, il ne nous l’apprend pas, nous le reconnaissons plutôt. Seulement, nous ne savions pas que nous le savions. Avoir poussé plus avant dans l’exploration de ce qu’un autre annonciateur, Henri Bergson, appelait déjà, il y a près de trente ans, « le sous-sol de l’esprit », voilà la conquête de la psychanalyse. Découvrir, dans chaque cas particulier, le rôle joué