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FREUDISME ET LIBERTÉ

toire, mythes religieux, etc. Sa symbolique des rêves déconcerte par un mélange singulier de dogmatisme et de puérilité. Mais, à côté de ces prétentions qui sont des faiblesses, que de vues pénétrantes !

Sans doute encore, Freud n’a fait, parfois, que nommer, classer, interpréter des phénomènes déjà connus : lapsus, oublis, rêves-éveillés, refoulement des impressions désagréables ou des désirs considérés par l’individu comme répréhensibles, etc. Cette idée du refoulement, par exemple, se trouve déjà dans Schopenhauer[1]. L’idée de la sublimation des désirs refoulés est, d’autre part, très nettement formulée dans la Physiologie de l’amour moderne, de Paul Bourget, un des livres les plus audacieux, les plus riches d’aperçus nouveaux, qui

  1. Mais ce philosophe, on ne l’ignore pas, professait sur l’homosexualité de singulières théories. Il est beau d’édifier un système du monde ; seulement la difficulté commence quand il s’agit de faire entrer tous les faits dans le cadre de la doctrine. Un moyen suprême de s’en tirer, c’est de ne s’embarrasser de rien. Schopenhauer, d’abord, n’envisage l’anomalie que chez les vieillards. Étrange aveuglement. Mais passons. Comment expliquer la perversion ? Tout dans l’univers ayant un but, quel est le but de cette « monstruosité » ? Réponse : les vieillards pervertis sont des vieillards affaiblis. Ils ne pourraient engendrer que des enfants dégénérés. Heureusement, la nature prévoyante leur a donné des penchants pour leur propre sexe. Ainsi tout danger est écarté. Comme c’est simple !