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LA TRADITION D’ANATHÈME

Donc, aux environs de 1895, à l’époque où Émile Zola écrit la lettre dont j’ai parlé, la vue médicale était fort en avant sur l’opinion commune ; et cette vue était, à peu de choses près, celle de Zola lui-même, très féru de médecine, comme tous les écrivains de l’école naturaliste.

Le procès d’Oscar Wilde, à la même date, tout en révélant la force et l’étendue des préjugés encore existants, eut pour résultat de créer, autour de la question, un mouvement d’intérêt. Comme il arrive presque toujours dans les cas où l’opinion s’émeut, il se produisit deux remous en sens contraires : d’un côté, la masse du public se détourna avec horreur ; de l’autre, quelques uns se penchèrent sur la chose infamante. Ainsi s’explique, à cette époque, l’éclosion de plusieurs ouvrages où, sous des formes différentes, selon le tempérament des auteurs, la même préoccupation était visible : admettre ce qui jusqu’alors avait été proscrit, faire à l’étude de l’inversion, dans la littérature, la place qu’on ne peut refuser à toute observation des mœurs, celles-ci fussent-elles monstrueuses[1] !

L’œuvre capitale de l’époque sur le sujet

  1. Citons les études de Georges Eekhoud, les Hors-nature, de Mad. Rachilde (1897), l’Agonie, de Jean Lombard (1901) etc.