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LA TRADITION D’ANATHÈME

contingence. En Allemagne, le déterminisme de l’hérédité nerveuse obtint d’emblée l’adhésion de presque tous les savants[1]. Beaucoup crurent trouver dans l’embryogénie l’explication de l’aptitude apportée en naissant par le sujet, la cause de sa vocation, si l’on peut dire. On sait que, chez le fœtus, à un stade ancien de son développement, les sexes ne peuvent être distingués. L’inversion sexuelle serait due à une différenciation sexuelle imparfaite ou bien à une réversion d’un type sur l’autre. C’est ainsi qu’un cerveau fonctionnant d’une manière féminine pourrait occuper un corps mâle[2].

  1. Bornons-nous à rappeler les noms des Professeurs Krafft-Ebing, qui se signale dès 1877, Albert Moll (1891). Magnus Hirschfeld enfin, à partir de 1899.

    À côté des maîtres allemands Havelock Ellis mérite de prendre place. Nous devons une révérence particulière à cet Anglais résolu qui montra beaucoup de courage en son temps. Son aventure vaut d’être rappelée comme caractéristique des obstacles encore récents qu’eut à surmonter, jusque dans le domaine médical, l’étude de l’inversion. En 1897, il y a donc juste trente ans, il se trouva un « recorder » de Londres pour juger que les Études de psychologie sexuelle n’étaient pas un ouvrage scientifique. Ce qui restait de la première édition en librairie fut saisi et détruit par ordre de justice.

  2. William James, dans ses Principles of Psychology, paraît préférer à l’idée d’un vice de conformation congénital, lequel serait un accident, l’idée que l’inversion (comme toute maladie peut-être) existe chez presque tout le monde en puissance. D’autres prétendent aujourd’hui que la déviation serait le résultat de sécrétions internes anormales.