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LA TRADITION D’ANATHÈME

avilissement. Tant que l’uranisme fut uniquement regardé comme une abomination qui appelle un châtiment, on croirait qu’il s’est appliqué à ne pas démentir cette image, à être bien réellement ignoble. Représenté constamment comme une turpitude sans nom, il finit par acquiescer lui-même à cette vue, il s’en pénétre et s’y endurcit.

Cette époque est celle de Balzac. Parmi les hôtes de la pension Vauquer, dans Le Père Goriot, nous voyons un personnage mystérieux, M. Vautrin, « l’homme de quarante ans à favoris peints », lequel dirige à la façon d’un mentor cynique le jeune Rastignac. Mais il se découvre que ce Vautrin n’est qu’un forçat évadé, et la police lui met la main au collet sans qu’il nous ait livré le secret de ses penchants. Cependant, nous retrouvons le forban dans Splendeur et misère des Courtisanes. Il n’y porte plus chapeau Bolivar et canne en fer, mais souliers à boucle et soutane, et se donne pour prêtre espagnol. Son choix s’est fixé maintenant sur Lucien de Rubempré, qui, comme Rastignac, est jeune et beau. Mais que savons-nous de cette intimité ? Si elle nous paraît louche, c’est seulement d’après quelques allusions que l’auteur a dispersées çà