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LA TRADITION D’ANATHÈME

légalement poursuivies qu’en tant qu’elles tombent sous le coup de l’art. 330, qui vise tous les outrages publics à la pudeur, de quelque sorte qu’ils soient. Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’intention du législateur (ici Napoléon) n’était pas d’instaurer un régime de tolérance en faveur d’Uranie. Son but, en ne la nommant pas, était plutôt de la maintenir sous la surveillance constante de la police des mœurs. Rien n’a été modifié depuis à la lettre du texte. Seulement l’esprit, en un siècle, a changé. Le vague de la loi a d’abord favorisé les rigueurs de l’arbitraire administratif ; puis il a peu à peu permis une sorte de demi laisser-faire, à mesure que l’autorité préfectorale, sur ce point, se relâchait.

L’attitude qu’on peut appeler policière persista dans toute son intransigeance jusqu’aux environs de 1870. Pendant ce laps, à côté du gendarme, un personnage nouveau apparaît, qui n’avait pas été consulté jusqu’ici et qui commence seulement à donner son avis, c’est le médecin. Mais, sur le principe, à savoir que l’homosexualité est un vice affreux qui encourt le mépris des honnêtes gens, une forme monstrueuse de débauche qu’il faut réprimer comme un danger social, la Faculté et la Sûreté demeureront d’accord pendant près de quatre-vingts ans, de sorte que