Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
LA TRADITION D’ANATHÈME

que[1]. Ce sont les Juifs, il me semble, qui, les premiers, ont montré socialement une grande horreur pour l’amour homosexuel chez l’homme : « Quiconque couche avec un garçon comme avec une femme commet une abomination ; tous deux seront punis de mort et que leur sang rejaillisse sur eux[2] » ! L’Église chrétienne ayant hérité de cette fureur, la tradition s’en conserva jusqu’à la veille de la Révolution française. C’est ce que nous appellerons l’état d’esprit de la Chambre ardente. Seul le législateur, qui n’est, du reste, ici que le porte-parole séculier du prêtre, a voix au chapitre. Il décrète : les sodomites sont des criminels, ils seront brûlés vifs[3].

Certes, nous avons eu des rois qui, à ce compte-là, eussent mérité de porter la chemise de soufre plutôt que le camail fleurdelysé ; et il faut être Dumas père, avec son énorme santé, pour écrire

  1. Nous lisons dans la Bible que les habitants de Sodome ayant voulu outrager les Anges qui étaient descendus dans la maison de Loth, la ville fut détruite par le feu du ciel.
  2. Lévitique XVIII, 22 – XX, 13.
  3. Un capitulaire de Charlemagne, en 805, édicte les derniers supplices contre les délinquants. Dès la fin du xiie siècle, l’inquisition renforce le système : resserrement de la surveillance, appel à la délation. D’après les Établissements de Saint-Louis, les « bougres » sont jugés par l’évêque et condamnés au feu. Charles V, de même, les envoie au bûcher.