Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
DANS LE CLIMAT DE LA POÉSIE

Mais, c’est qu’ils chantaient, toute la différence est là ! L’inversion sexuelle considérée objectivement, comme matière à descriptions, à analyses, ne peut être confondue avec l’uranisme lyrique. De l’anomalie, vue sous l’angle poétique, la littérature (Zola ne l’ignorait pas) est assez abondante. En bordure des roseraies, l’œillet vert a toujours occupé une place dans l’anthologie de l’amour humain. Il en a même parfois envahi les parterres.

Et nous aussi, à cette date de 1895 où, à peine sorti des bancs du collège, nous commencions de nous passionner pour tout ce qui, dans le passé et le présent, était expression littéraire, nous aussi, nous savions bien un peu, déjà, qu’une certaine forme de l’amour, très mal jugée, sinon unanimement réprouvée, avait inspiré à des poètes de magnifiques pages. Mais, comme nous demeurions, néanmoins, très fermes dans notre désapprobation et dans notre dégoût à l’égard des mœurs anormales, si l’on nous eût demandé : « Alors, vous condamnez aussi les sonnets de Shakespeare ? » sans doute aurions-nous répondu : « Ce n’est pas pareil ! » De fait, nous n’apercevions aucun rapport entre ce qui nous semblait deux mondes : ici une impudence souveraine qui se rit des cou-