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RETOUR VERS LE PASSÉ

loin encore. On s’appliquait à nous faire sentir le charme des Églogues. On eût trouvé pédantesque de nous maintenir dans les limites d’un commentaire grammatical. C’est la poésie du texte qui était évoquée. Mais, dialectique, voilà bien de tes tours ! le fond de l’affaire, dans le moment même où l’on glosait sur lui, était escamoté. Tout se passait comme si ces dialogues, dont on avait entrepris de nous faire goûter la saveur, n’avaient eu positivement aucun sens. N’est-ce pas merveilleux ?

Je viens de relire les Églogues. Sans doute, ce n’est pas ici la voix enrouée de la débauche ; rien de cette odeur de Suburre qui s’exhale d’entre les petits vers de Catulle. Le désir est moins impatient d’aller droit à son but, mais, baigné ainsi de tendresse, il n’en paraît que plus profond ; et le désir dont il s’agit, il nous faut bien le reconnaître, ce n’est pas celui qu’inspire l’Aphrodite commune. Bergerie, dira-t-on, sans rapport avec le réel ! Dites plutôt que la réalité différait de la peinture en ceci qu’elle était plus grossière. Loin d’incarner des mœurs purement imaginaires, les acteurs de la pastorale virgilienne ne font que parer de grâces une forme d’amour alors très répandue et qui, dans la pratique, ne se bornait point à des airs joués