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RETOUR VERS LE PASSÉ

d’agir en femme, s’il est né femme à demi ? » Mais à peine a-t-il écrit ces mots que le voilà qui se trouble. L’énormité de son audace l’épouvante : « Naturellement, je n’entends pas même poser le problème ! » Il se borne, note-t-il, à indiquer les raisons qui lui font souhaiter la publication du manuscrit qu’on lui a envoyé d’Italie. Ici, le cœur généreux reparaît : « Peut-être cela inspirera-t-il un peu de pitié et un peu d’équité pour certaines misères. » Mais, de nouveau, une crainte le saisit. Il est sur le point de clore sa lettre, et voici qu’il redoute de s’être trop avancé ou de ne pas s’être expliqué assez clairement. Si on allait se méprendre sur ses intentions ! La Société est là qui veille. Il faut lui donner des gages, il faut saluer les idoles, c’est-à-dire les préjugés. Alors, il termine ainsi, sans s’apercevoir qu’il démolit en un tournemain tout ce qu’il vient de dire, et fournit, en fin de compte, des arguments à la dureté : « Et puis, tout ce qui touche au sexe touche à la vie sociale elle-même. Un inverti est un désorganisateur de la famille, de la nation, de l’humanité. L’homme et la femme ne sont certainement ici-bas que pour faire des enfants, et ils tuent la vie, le jour où ils ne font plus ce qu’il faut pour en faire. » Cette conclusion rend un peu le son