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NOTES

Note A

Cependant, il faut noter, antérieurement aux premiers travaux des médecins, la campagne ardente, menée par un inverti, un peu avant 1870. Déjà, en 1836, un auteur suisse, du nom de Heinrich Hössli, dans un ouvrage intitulé Éros, avait entrepris de justifier l’amour entre hommes. Ce hardi « novateur » allait jusqu’à proclamer que les organes génitaux, mâles ou femelles, ne fournissaient aucune indication sur le sexe véritable, et même étaient de nature à causer les confusions les plus fâcheuses. Trente ans plus tard, du clan des « infâmes » s’élève une nouvelle protestation. Elle part, cette fois, du Hanovre. Son auteur est un juge suppléant, appelé Ulrich. Dans l’ancien royaume de Hanovre, les pédérastes n’encouraient aucune peine. Mais survint en 1866 un coup imprévu : l’annexion du pays par la Prusse après Sadowa. En effet, l’article 143 du Code pénal prussien punissait de prison « les accouplements contre nature, entre hommes, ou entre hommes et animaux ». C’est sur cet article que sera copié, après la fondation de l’Empire, l’article 175 du Code pénal allemand, aujourd’hui encore en vigueur. L’assesseur Ulrich entreprit donc une croisade en vue de faire abroger une législation qui lui semblait inique et, de plus, gênante. Il cria fort, se dépensa, mais, juridiquement, n’obtint rien. À vrai dire, ce magistrat peu commun exagérait. Entraîné par son propre sentiment, bientôt il ne se borna pas à demander l’immunité pour ses pareils : il voulut que la loi autorisât le mariage entre hommes. Cependant, il y avait, dans cet illuminé, un esprit distingué nourri aux lettres anciennes. C’est lui qui, pour désigner les homosexuels masculins, lança, par allusion à un passage du Banquet de Platon, le terme d’ « uranistes », de nos jours un peu désuet, mais qui fut longtemps à la mode. En outre, les plaidoyers désordonnés d’Ulrich sont pleins d’observations