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CONCLUSIONS

quelques uns d’entre eux, continue d’être affligeante. C’est un procès à réviser.

Chaque fois que l’on se trouve en présence d’une sorte de fatalité organique, par quelle froide imitation des antiques foudres judéo-chrétiennes pourrait-on se croire autorisé, de nos jours, à frapper d’excommunication majeure l’anomalie sexuelle ? Un anathème qui a perdu son fondement religieux, un anathème sans foi, et que rien, d’autre part, ne justifie en raison, n’est plus qu’une formule creuse.

Au reste, pratiquement, cette parodie de malédiction est vaine ou barbare. Elle est vaine, soit que l’intéressé nargue la défense, soit qu’il l’élude en tremblant. Et la barbarie de l’attitude éclate, lorsque, l’homosexuel congénital prenant l’interdit à la lettre, il n’a le choix qu’entre deux alternatives : être un saint ou disparaître. La sainteté est une montée abrupte, difficile à gravir pour ceux à qui la « primauté du spirituel » n’apparaît point, au haut de la montagne, comme une aurore ; et ceux-là, c’est presque tout le monde, car la chair communément est plus fervente que l’esprit. Mais la pente du suicide, surtout dans la première jeunesse, n’est pas très malaisée à descendre. J’entends bien que beaucoup d’anormaux cons-