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GIDE TÉMÉRAIRE

tout suggérer, est même, croyons-nous, son devoir. Mais, nous ne nous laisserons pas influencer ici par la peur qu’on ne nous accuse de dénier à l’écrivain son entière liberté. On nous comprend, de reste, fort bien. Nous ne parlons pas au nom de cette pudeur hypocrite dont nous avons condamné ailleurs les excès. Présentés autrement, les mêmes personnages engagés dans la même action, n’auraient pour nous rien de choquant, et il ne nous viendrait pas à l’esprit de reprocher à l’auteur d’être de mèche avec eux. Quand Dostoïevski épouse les passions d’un viveur ignoble ou d’un assassin, est-ce que nous songeons à l’en incriminer ? C’est que nous le sentons en dehors du jeu, alors même qu’il le mène. Gide point, dans les pages auxquelles je fais allusion. Aussi bien ne réprouvons-nous pas l’audace de telle ou telle peinture mais ce que l’observateur y décèle d’un contentement sardonique, la façon dont, soudain, le masque d’objectivité se détache et tombe, pour ne nous plus laisser voir qu’un visage ravi.

Un soir d’autrefois, dans Alger, Wilde et Gide étaient ensemble. Wilde cyniquement s’offrit comme entremetteur à Gide encore novice qui bientôt accepta la proposition.