Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
GIDE TÉMÉRAIRE

assez haut pour n’être pas sali (Gide le croit) par les éclaboussures, ce sont-là jeux de prince, en effet. Mais prince, Satan ne l’est-il pas ? N’est-ce pas là justement son vieux titre ?

Ce qui fait Gide frissonner de joie, c’est de mêler aux images de la volupté le sentiment de la morale insultée. Cette Loi qui jadis l’opprimait, il la viole alors doublement : et par l’irrégularité de son désir enfin satisfait, et grâce à l’horrible chance qui veut que l’objet de ce désir s’avilisse dans la minute où il est désiré.

C’est à la même perversité qu’il faut, selon nous, attribuer, dans les Faux monnayeurs, ce que nous appellerons les scènes « impies », celles où l’auteur pousse en avant sous un éclairage ridicule les idées ou préjugés vénérables, tout ce qui, par exemple, concourt à maintenir, dans les mœurs familiales, dans les rapports des enfants avec leur parents, l’antique notion du respect. Car, qu’on ne vienne pas nous faire remarquer qu’il s’agit, cette fois-ci, d’une œuvre d’imagination. Les confidences de Si le grain ne meurt nous ont édifiés sur la part de malin plaisir que Gide apporte à combiner certains épisodes de ses romans. Le romancier a le droit de tout dire, certes. Tout dire, ou