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GIDE TÉMÉRAIRE

règle du Temple, et contre toutes les règles du même ordre, car si, pour Gide personnellement, c’est la discipline huguenote qui l’a longtemps enserré, il est d’autres disciplines sociales, ou religieuses ou laïques, tout aussi étroites et déformantes, comme ces boîtes dans lesquelles, autrefois, les mendiants espagnols enfermaient les enfants en bas âge dont ils voulaient faire des infirmes.

« Au nom de quel Dieu, de quel idéal, s’exclame Gide, me défendez-vous de vivre selon ma nature ? » Le cri est déchirant. Je n’y puis rester insensible. Ah ! s’il n’y avait, dans Gide, que des accents pareils !

Malheureusement, ils ne sont pas les seuls. Peut-être fut-il un temps où, dans sa révolte contre l’opinion qui taxait d’infamie son instinct, Gide n’avait soif que de justice. Aujourd’hui, il veut plus : une revanche.

Et maintenant, rappelons-nous ce que nous savons de cette âme : qu’elle est noble, généreuse, pitoyable, qu’elle a les plus rares délicatesses, un sens exquis de la vertu. En face de ces contradictions, faut-il, laissant tomber nos bras, nous borner à soupirer : « Le cœur de l’homme est une énigme. » Mal et Bien sont ici