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SODOME ET GOMORRHE

nombre sur les mines scandalisées, que le moraliste, le plus souvent, eût été bien empêché de distinguer la moindre trace d’alarme dans toute cette agitation. C’est alors qu’il eût été piquant de mesurer la différence qu’il y a entre ce qui se dit dans le monde et ce qui s’écrit. Aussi bien, est-ce dans les milieux mondains que l’émoi et le divertissement, presque toujours réunis et stimulés l’un par l’autre, atteignirent le plus haut degré. Le téléphone, qui joue le premier emploi aujourd’hui dans la diffusion des potins, ne faillit point à son rôle. Les sonneries électriques, partout, ne cessaient de retentir, marquant par leur trépidation cette impatience que tant de gens avaient de se demander : « Eh ! bien, qu’en pensez-vous ?… C’est inimaginable !… » L’édition s’enleva en quelques jours. Parfois, après un déjeuner intime, quelqu’un, avisant le livre sur une table, faisait (mezza voce, à cause des domestiques en train de servir le café) lecture des passages jugés les plus affreux, c’est-à-dire les plus excitants. Que de rires, d’exclamations, de réflexions bouffonnes ! Et comme, vite, on en venait à ajouter encore au texte ! La méchanceté, traditionnelle aux salons et qui, quoique bien vieille, y est toujours verdissante, trouvait là