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GIDE TÉMÉRAIRE

L’édition de Si le grain ne meurt a suivi de près celle du Corydon. Cette fois, plus aucune réticence, plus aucun ménagement. Il ne s’agit plus ici d’une œuvre ou « romancée » ou didactique. C’est sa personne même que l’auteur met en avant et sous son propre nom. L’aveu déguisé dans les premiers livres a mis trente ans à rejeter un par un tous ses voiles.

Du point de vue moral, une étude qui aurait pour titre André Gide, pourrait porter en sous-titre : ou l’individu en révolte contre l’éducation. Cette insurrection n’est pas allée sans souffrance : les scrupules et les repentirs qui empoisonnent les extases chez le héros de l’Immoraliste, André Gide les a éprouvés pendant des années, et avec une vivacité dont l’œuvre romanesque ne nous offre que l’expression embellie, musicale. Les confessions rétablissent la douleur dans sa réalité mate et dure, dans son amertume solitaire. C’est pourquoi il faut être bien superficiel pour parler de Gide avec grossièreté ou, ce qui revient au même, avec légèreté.

Gide a commencé par tirer vanité en son cœur de ne verser point dans la débauche à un âge où la plupart des jeunes gens de chez nous,