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GIDE TÉMÉRAIRE

« fait divers » est un fragment d’histoire des individus, d’histoire historique et non d’histoire inventée, fictive. Pâture excellente pour le sociologue, surtout s’il a le tact de n’y ajouter aucun commentaire. De même, en ce qui le concerne personnellement, Gide doit penser que sa vie, avant d’être pour lui-même matière à réflexions, c’est une série d’événements, de choses arrivées, et que cette valeur d’humanité réelle confère à son existence, sur le plan du Vrai, qui n’est pas toujours celui du Beau, un prix que ne peut atteindre aucune de ses œuvres d’imagination. Autrement dit, le sentiment le plus impérieux de cet illusionniste, c’est le dédain des apparences. Charmeur de serpents qui, certains jours, au lieu de magnétiser ses reptiles, préfère exhiber leurs poches à venin.

Or, qu’est-ce que les confessions, sinon une forme littéraire qui comble tous ces vœux ? C’est le journal intime faisant explosion hors du tiroir, la confidence dans le haut-parleur, la vérité criée sur les toits, j’entends la vérité authentique, celle de la vie vécue, celle des faits.

Et dans cette vérité vraie, quelles sont les parties les plus intéressantes, les plus instructives ? Évidemment celles que l’homme qui se confesse aura le plus de peine à coucher sur le