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GIDE AUDACIEUX

sommes expliqué, croyons-nous, sans pruderie. L’erreur, c’est non pas d’admirer une civilisation qui, à beaucoup d’égards, fut réellement admirable, mais d’en préconiser l’imitation, à vingt quatre siècles de distance, ou plutôt de prétendre qu’on en devrait imiter certaines parties, déjà fort discutées à l’époque, et qui n’étaient peut être pas ce qu’il y avait dans l’hellénisme de plus recommandable.

Au surplus, Gide ne s’aperçoit-il pas que presque tous ceux qui suivent ses conseils sur ce point spécial, n’ont de l’idéal socratique aucune espèce de souci ? Plutôt qu’à discipliner leur instinct, ils ne songent qu’à s’y livrer. Le blanc coursier sublime que Platon nous dépeint, dans le Phèdre, comme l’allégorie des nobles élans de l’âme, vos disciples, Corydon, le renvoient à l’écurie. C’est l’autre cheval qu’ils enfourchent, la bête au poil noir, à l’encolure courte, au chanfrein busqué, symbole du désir brutal. Cette émulation insensée et le danger que courent ces enfants, se peut-il, Corydon, que vous ne les remarquiez pas, vous, le maître de manège ?