Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
GIDE AUDACIEUX

qu’au fond ce qui l’émouvait de pitié, ce qui peut être aussi révoltait en lui quelque passion innée de l’égalité, c’était principalement le sort de la jeune fille qui ne trouve pas à se marier tout de suite, comme on dit, et dont les plus florissantes années s’étiolent dans l’état de virginité. Blum, courageusement, dénonçait ce que le vieux préjugé de la fille « sage » pouvait recouvrir souvent d’injustice, d’amertume, de douleur, ce qu’il avait dans tous les cas, même accepté sans contrainte, même embrassé avec ferveur, d’exorbitant, de mutilant, d’antinaturel en un mot.

Tandis que Corydon, lui, enferme les femmes dans le gynécée. Et il ne lui vient même pas à l’esprit que, dans les années qui précèdent l’hymen, ses sœurs puissent avoir des désirs. C’est qu’il s’en moque bien ! Seuls l’intéressent les appétits des jeunes garçons, qu’il entend détourner à son profit, dès l’âge où leurs sens s’éveillent. Il est vrai qu’il ne se refuse point à se séparer de ses amis, quand vient pour eux le temps des noces. Mais c’est peut-être qu’alors ils ne sont plus des éphèbes, ils ont perdu leur prime fraîcheur.

Des mœurs grecques en elles-mêmes, nous avons dit ce que nous pensions. Nous nous en