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GIDE AUDACIEUX

libération de ses semblables, rêve de promulguer une nouvelle Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, comportant, pour la jeunesse masculine tout entière, un stage dans la pédérastie.

J’entends bien que nul ne respecte la femme plus profondément que cet apôtre. Eh ! c’est la profondeur de ce respect qui me fait réfléchir. Il est de ceux que les femmes elles-mêmes ne prisent guère. Corydon défenseur du foyer ne m’inspire aucune confiance. Il se vante que, si on le laissait faire, il effacerait de nos mœurs, non seulement l’amour vénal, mais l’adultère, car ne sont-ce pas les jeunes gens surtout qui, par besoin de jeter leur gourme, sans cesse à l’affût de nouvelles aventures, apportent le trouble dans les familles ? Ainsi Corydon, avec son système, s’offre à rassurer les maris par la râfle de tous les garçons.

Léon Blum, on s’en souvient, avait une autre vue. Dans son livre Du mariage (1907), œuvre hardie, qui demeure une des rares études sérieuses de psychologie sexuelle que nous possédions en France, l’auteur revendiquait pour les deux sexes, avant le contrat matrimonial, la même liberté de conduite, la même diversité dans l’expérience amoureuse. C’est