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SODOME ET GOMORRHE

neur… de ne jamais plus écrire ». Ainsi, cet honnête homme s’en tire par une boutade. De même, Alphonse Daudet se récuse. La plupart ne voulaient à aucun prix qu’on leur parlât de cette histoire. Certains allaient jusqu’à penser : « C’est bien fait ! »

À cette répulsion visant l’anomalie en elle-même, se joignait, aux environs de 1895, un interdit d’ordre littéraire : en même temps que les pratiques de la Venus Urania étaient universellement réprouvées, il eût paru absolument inconcevable, et la pudeur publique alors n’aurait pas supporté, qu’un auteur s’avisât de décrire de telles aberrations ou d’en analyser le processus psychologique ouvertement. Je souligne ce dernier mot, il est essentiel. Car, dès avant 1895, les travaux d’approche avaient commencé ; et, postérieurement à cette date, le cheminement s’était poursuivi, mais il était demeuré souterrain.

Sans doute, quand parut cette décisive première partie de Sodome et Gomorrhe, publication qui produisit un peu l’effet d’un pavillon planté par un explorateur sur une terre nouvelle, l’alerte fut vive, mais la curiosité, cette fois, y était pour une si grande part, les yeux émerillonnés ou amusés l’emportaient tellement en