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GIDE AUDACIEUX

peut-être pas joui au temps de Socrate), Corydon s’adresse, pour conclure, à tous les jeunes gens, quels qu’ils soient, à tous, vous m’entendez bien, non seulement aux homosexuels de naissance ou d’occasion, mais aux hétérosexuels eux-mêmes, à ceux que leur instinct porte naturellement vers les femmes, et qui, sans l’exemple d’un camarade, sans quelque invite sournoisement glissée à l’oreille, ou la lecture de Gide lui-même, n’eussent jamais eu la curiosité d’un plaisir contraire à leur penchant, plaisir donc moralement pervers, physiologiquement vicieux en ce qui les concerne. Bref, Corydon, qui s’était d’abord posé en simple défenseur d’une classe de parias peu nombreuse et, à ce titre, avait su nous intéresser à sa cause, se montre finalement sous les traits d’un propagandiste effréné[1].

André Gide, comme on pouvait le prévoir, veut nous ramener aux coutumes des palestres et du bataillon thébain, c’est-à-dire à l’usage avoué, honoré, général de la pédérastie dans

  1. Ironie de constater, chez cet esprit hautain, un procédé analogue à celui dont usent chaque jour les manœuvriers politiques : premier temps, plaider au nom du droit, en faveur d’une minorité sacrifiée ; deuxième temps, renverser les rôles, imposer à la majorité la loi de la minorité. Il y a du tribun dans ce solitaire.