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GIDE AUDACIEUX

prêter à l’exposé des idées une rigueur que celui-ci n’a point dans les dialogues. Plusieurs lectures attentives du texte m’ont même été nécessaires avant qu’il me fût possible d’en démêler, derrière le sens littéral, l’intention cachée.

La phrase de Gide est souple et claire, mais comme une peau qui revêt un corps serpentin, de sorte qu’il arrive qu’on se perd à suivre la pensée de l’auteur : celle-ci décrit des boucles brillantes, se replie en S, se referme en 8, puis, soudain, se détend, fait un crochet et disparaît.

Aussi bien est-il rare, avec Gide, que la discussion purement théorique épuise le fond du débat. Sous l’appareil logique il y a, peut-être à l’insu de l’auteur quelquefois, des desseins obscurs, qui tantôt demeurent tapis à l’écart, tantôt se jettent dans la mêlée par surprise, pour rompre la marche du raisonnement ou détourner l’objection qui va poindre.

C’est ainsi que, dans la première partie de l’ouvrage, la partie zoologique, je crois apercevoir, sinon dans les termes du Corydon, du moins le long des pentes successives du dialogue, deux tendances contradictoires qui sont comme tressées ensemble : l’une visant franchement à démontrer que l’homosexualité est un phéno-