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GIDE AUDACIEUX

canards. Après quoi, il passe aux insectes. La fréquence des accouplements entre mâles se constate, paraît-il, chez les hannetons. J. H. Fabre signale les mêmes mœurs chez les cérocomes[1].

Bref, les pratiques homosexuelles se retrouveraient chez presque toutes les espèces animales. Le grand Pan, qu’on avait cru mort, nous réservait cette surprise. C’est, en effet, une sorte de délire « panhomosexualiste » qui, à la fin, s’empare de Corydon, ivre de zoologie.

Ivresse, selon nous, toute gratuite. Les naturalistes sont, dans cette affaire, des témoins déplacés sans motif. Ou plutôt, il y a deux affaires : la première où l’on est libre d’assigner tous les animaux, en invoquant les témoignages de ceux qui font profession de les observer ; la deuxième où l’homme seul doit être cité. Admettons que, grâce aux savantes dépositions des zootechniciens les plus récents, Gide ait gagné le premier procès. De fait, s’il est aujourd’hui scientifiquement établi que l’homosexualité n’est pas rare chez nombre d’espèces animales, pourquoi éprouverions-nous de l’embar-

  1. Il est vrai que le naïf met cette erreur des mâles sur le compte de l’étourderie, ce qu’André Gide marque du signe suivant : (? !) expression graphique d’un sourire sans doute.