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GIDE AUDACIEUX

être déclaré forclos par le Créateur : il veut intégrer l’homosexualité dans la Genèse, et il n’aura pas de paix tant qu’il ne l’y aura pas fait rentrer.

Dès lors, on voit d’ici la thèse : ruiner dans les esprits l’ancienne idée d’après laquelle les manifestations du désir homosexuel seraient « contre nature ».

L’uraniste passionné et féru d’histoire naturelle qui se déchaîne, textes en mains, sous le nom de Corydon, commence par reprocher à l’auteur de la Physique de l’amour, Rémy de Gourmont, de n’avoir vu dans l’amour humain qu’une forme de l’instinct universel de reproduction.

Loin d’être confondus, l’instinct de procréation et la poursuite du plaisir iraient se dissociant de plus en plus au fur et à mesure qu’on s’élève dans l’échelle des êtres. La volupté serait recherchée pour elle-même, sans souci de la fécondation, et celle-ci, dans les cas de rapprochements hétérosexuels, n’aurait lieu presque toujours que par raccroc. Évidemment, Corydon ne va pas jusqu’à nier la volupté qui