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SODOME ET GOMORRHE

l’égard des mœurs qui avaient valu au poète anglais, dans son pays, une condamnation à deux ans d’emprisonnement avec travaux forcés.

Le verdict, chez nous, avait paru dur, mais, sauf quelques rares esprits très affranchis, lesquels passaient pour vouloir se distinguer à toute force par une originalité de mauvais aloi, sauf aussi évidemment ceux qui faisaient partie du troupeau dont Wilde était le bouc émissaire (et ceux-là se taisaient), personne ne contestait la réalité de la faute, ni son caractère ignominieux, ni la légitimité de la répression. Tout au plus regrettait-on généralement que tant d’hypocrisie se fût mêlée à la brutalité de la vindicte sociale. Mais quand d’aucuns, dont Marcel Schwob, voulurent susciter en France un mouvement protestataire, dans l’espoir d’obtenir un adoucissement de peine pour le malheureux écrivain, leurs efforts échouèrent complètement. Pourtant, Wilde avait — ou plutôt avait eu avant son désastre — bien des amis à Paris, où il avait fait de fréquents séjours. Presque tous se dérobèrent. Jules Renard, à cette occasion, note, dans son Journal : « Je veux bien signer la pétition pour Oscar Wilde, à la condition qu’il prenne l’engagement d’hon-