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GIDE AUDACIEUX

Nous éprouvons à la lecture la même sorte de gêne qui s’empare de nous et va grandissant lorsqu’en notre présence quelqu’un ment et s’enferre de plus en plus dans son mensonge.

De fait, l’administration de la preuve est ici viciée. D’avance, nous suspectons une vérité qui use, pour se faire jour, d’un tel excès d’industrie.

J’entends bien que l’imposteur, ce n’est pas Gide à proprement parler, mais le faux personnage dont il s’est cru obligé d’assumer le rôle. Gide, ainsi, nous trompe dans la forme, mais il ne ment pas sur le fonds, et cela pour une bonne raison, c’est que le vrai Gide, c’est l’autre, c’est Corydon. Le Gide supposé n’interrompt le Gide authentique et ne le contredit que pour lui permettre de mieux triompher. Et s’il ne cesse de se moquer, ce n’est que pour dissimuler la complaisance qu’il met à raisonner si faiblement. C’est un compère.

Maintenant, cette mise en scène, maladroite à force d’habileté, négligeons-la. Derrière elle, cherchons à découvrir l’esprit intime de l’œuvre, les préoccupations d’où elle est sortie. Alors,